Lors de ma pratique de psycho-praticienne auprès d’enfants, le motif de consultations est très souvent le débordement de colère, la non gestion des émotions.

Un cas m’a particulièrement marqué, celui d’un enfant de 7 ans très coléreux qui s’emportait très vite. C’est un enfant très vif d’esprit et particulièrement très sensible, ne supportant pas l’injustice, pour un oui ou pour un non, cet enfant hurlait, trépignait, et le vivant lui même très mal. Désemparés, les parents ne savaient plus comment faire pour éviter ses colères, ils étaient à bout, ne sachant plus comment s’y prendre, c’est une scène familière à nombre de parents.

 

Après m’être entretenu un bon moment avec lui et sa maman, je l’ai gardé tout seul et décidé d’utiliser l’expression du dessin pour l’aider à exprimer sa colère.

Il a utilisé la couleur rouge, a griffonné avec beaucoup d’élan sur le papier, s’arrêtant quelques instants pour me raconter sa colère qui l’envahissait comme un gros chien énorme près à mordre, sans me donnant trop de détails sur la cause de cette colère, ce qui n’était en soi pas nécessaire.

 

Sa colère était représentée sous forme d’un animal très féroce, dont il en avait lui même peur !

 

Déjà, un apaisement corporel se faisait ressentir par le son de sa voix plus calme. J’ai poursuivi en lui demandant ce qu’il voulait faire de ce dessin qui représentait sa colère envahissante. « Je veux en faire ca ! » me dit-il et, sans attendre, pris le dessin et froissa le papier avec force et conviction. Il semblait éprouver un certain plaisir à le faire. Puis souffla bien fort et s’arrêta. . Évidement je reformulais ce grand soupir et lui demandais : « Et maintenant, que veux tu faire de ce papier froissé ? ». « Le jeter à la poubelle.. » Me répondit il. « Alors, ferme tes yeux et imagine le déposer dans une poubelle et vois la suite … que devient ce papier froissé ? … Va jusqu’au bout de ton imaginaire… »

Je le vois vivre ce qui se passe dans sa tête, faire des gestes d’écraser, de repousser, de tirer … Puis, il se calme, respire à fond et reste un moment les yeux fermés tout tranquille. Un apaisement se lit sur son visage, voire un léger sourire, je prends bien le soin de le laisser vivre ce moment de vivance intérieure.

Il me raconta qu’il a visualisé tout le circuit du camion poubelle jusqu’à la déchetterie

Lorsque je lui ai demande : « Et, comment te sens-tu maintenant ? »

Il me répond : « Eh bien, y’a de la joie, et c’est normal ! ». En me disant cela je le vois faire un large sourire, il fait le geste d’écarter les bras en croix et les laisse retomber en soufflant.

 

Sa maman te témoignera par la suite, combien il est reparti joyeux après la séance, descendant les escaliers de mon cabinet en chantonnant.

 

Ce qui m’a le plus interpeller dans cette expérience d’accompagnement, fut l’évidence que cet enfant à exprimer : « quand la colère n’est plus là, il y a de la joie ! »

Il annonce cela comme une évidence que je devais acquiescer.

 

Ca paraissait normal pour lui, d’avoir de la joie à l’intérieur quand la colère n’est plus. La colère a laissé la place à la joie. Blottie au fond de lui, elle a pu se manifester une fois la colère évacuée.

 

Quel cadeau, nous donnons à l’enfant, lorsque nous l’aidons à exprimer sa colère.

Mais l’exprimer ne suffit, parfois, pas. Il s’agit de s’occuper de sa colère, de l’aider en lui proposant d’en faire quelque chose, de lui trouver une place par exemple pour la déposer à l’extérieur de lui et/ou de la transformer ! C’est l’enfant lui même dans son processus d’expérience interne qui chemine grace aux professionnels, jusqu’à trouver ce qui est le mieux pour lui.
Cette expérience d’accompagnement pourrait se pratiquer au sein même d’une structure de petite enfance.

Véronique Gelin- Vuaillat, Sophrologue, psycho-praticienne en ACP/ Focusing